Parler ou se taire - Tout comme la célèbre question du « Etre ou ne pas être », parler ou se taire relève du même sujet de réflexion. Dès l’instant ou je dis « Je suis », la pensée ayant précédé la parole, le constat d’être devient inévitable, puisque la voie orale le confirme. Mais le fait de dire « je ne suis pas » relève également du constat d’être, et là, la voie orale ne peut pas le confirmer. En effet on ne peut pas dire je ne suis pas, si on n’est pas présent pour le dire. Ce non sens laisse entrevoir le chemin physique tracé pour le corps avec à ses cotés, celui de la pensée; étant entendu que, quand les deux vont de pair, tout semble parfait. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas, surtout lorsque la vie éloigne l’esprit du corps. L’époque que nous vivons actuellement nous en montre les cruels effets. - Parler, tout comme rire est le propre de l’homme, bien que les animaux à qui il ne manque que la parole, savent se faire comprendre. On ne se montre pas par la seule présence, la parole, qu’elle soit orale ou écrite, fait aussi office de présence. A l’opposé, Le silence peut être volontaire, mais il peut être aussi imposé. Lorsque la maladie l’impose, il n’y a rien à faire d’autre que de subir et se soigner, s’il est possible de le faire. Mais quand le silence n’est pas du à un état maladif, son utilisation relève souvent de l’art, celui, en autres, de savoir utiliser la parole de l‘autre afin d‘en tirer profits. Nous savons que tout ce qui sort de la bouche de l’homme le trahit en bien ou en mal, car cela sort du cœur, et quand il s’agit du mal, c’est cela qui souille cet homme. Un proverbe chinois dit bien que : Celui qui profère des menaces de tombe envers quelqu’un ferait bien d’en construire deux, car il a tendance à oublier la sienne. Quand une mauvaise pensée adressée à autrui s’échappe de la bouche, elle finit toujours par atteindre sa cible. Tous les chemins lui sont ouverts. Le retour son de ces cloches du mal, fait souvent bien plus de dégâts que ceux causés à leur émission. Le silence est d’or dit-on, car s’il permet d’éviter d’envenimer les situations, il peut être bien plus cruel que la parole. Alors à choisir, et après réflexion, autant répondre à une attente plutôt que d'en créer une. - Savoir se taire empêche-t-il d’agir ? - Voilà bien une question à laquelle il n’est pas facile de répondre. Tout un chacun sur cette terre et dans le cours de sa vie se dirige en fonction de ses vues, de ses croyances, de ses certitudes. Il est impensable de se laisser guider sans chercher à se démarquer d’autres visions, d’autres façons de penser et de vivre. Tout ce qui est dit et fait de par le monde ne peut pas, ne doit pas nous convenir totalement cela n’est pas possible, ou alors c’est que n’avons rien à faire ici-bas. Cela ferait de notre vie, un non-sens absolu, une non présence, une vie inutile, pas intéressante, ce qui ne veut pas dire : Dénuée d’intérêts. C’est en cela que l’on comprend la formule du : « Tous pour Un » sans pour autant tomber dans le Un pour tous. Prenons l’exemple d’un jardin. Il n’existe que par la variété des espèces qui le composent. A moins d’avoir une exception qui le différencie des autres, rien ne ressemblera plus à un jardin, qu‘un autre jardin, hormis l‘entretien appliqué, tout autant que les formes et les couleurs présentes. Retirons cette exception et le jardin sera toujours accueillant par la richesse variée de ses espèces. Mais que devient l’exception retirée ? Elle peut rejoindre les meneurs, ceux qui par leur beauté, leurs senteurs enivrantes représentent leur espèce respective. Elle finira vraisemblablement coupée afin d’orner une table ou tout autre meuble dans une maison. Sa particularité aura eu raison d’elle. - Mais si la nature nous a doté de particularités attrayantes doit-on les cacher pour autant ? On ne met pas la lumière sous le boisseau, au contraire, on la place en un lieu élevé afin qu’elle éclaire le plus grand nombre. La beauté physique n’entre pas dans ce cas de figure, car elle n’intéresse que celui qui en est pourvu. Le plus grand nombre n’est pas sensé suivre la seule beauté physique, hormis peut être ceux poussés par un désir profond, pour ne pas dire bestial. La beauté d’un être sort de son cœur et c’est par la bouche qu’elle se répand. C’est pourquoi celui qui en est doté se doit d’émettre des paroles justes, pleines de bon sens. Des paroles qui ne blessent personne ni ne font de différences entre les uns et les autres. En ce sens, bien entendu, c’est la parole qui est d’or, mais cet or se partage tout en se bonifiant. Savoir user de paroles permet d’agir assurément, mais savoir se taire, le permet tout autant. Nous sommes tous intelligents, mais nous ne sommes pas tous prêts à nous servir de notre intelligence. C’est cela qui crée la majorité silencieuse. Le seul problème consiste à trouver celui ou celle qui parle vrai. Pour ce faire, il ne faut pas aller bien loin, mais plutôt se tourner vers celui ou celle qui en dit le moins, mais qui le dit avec ferveur. Le cœur ne se met pas en évidence dans le vacarme et le fracas d’un flot de paroles ininterrompues. Moins on en dit et mieux cela vaut. |